Les Echos – 06/11/2019
Gaz naturel : le réseau des stations automobiles se densifie
Poussées par la fin progressive du diesel dans Paris, les stations GNV pour véhicules se multiplient, même si le réseau reste long à densifier en raison des contraintes de foncier.
Avec l’ambition d’en finir avec le diesel d’ici à 2024 et le moteur thermique d’ici à 2030, la Ville de Paris met les bouchées doubles pour passer aux véhicules propres. Depuis début novembre, une nouvelle station GNV est opérationnelle Porte des Lilas, dans le XXe arrondissement. Pilotée par la Société publique locale (SPL) PariSeine, l’implantation a été réalisée sur un site accueillant une unité de saumurage, avec en fond un énorme stock de sel pour déneiger les rues de Paris. La station, qui a coûté 700.000 euros, alimentera en gaz 145 véhicules de propreté de la Ville 24h sur 24 (balayeuses, bennes à ordures..), et les agents pourront y entrer munis d’un badge. Beaucoup sont en horaires décalés, interviennent de nuit sur le périphérique, de manière immédiate après les manifestations, ou pour le désaffichage ou le deneigeage. La station n’est pas ouverte au public.
Autonomie
Moins d’azote, de CO2 et de particules fines, l’avantage du gaz est évidemment écologique. Il a aussi des atouts par rapport à l’électrique : une plus grande autonomie et des temps de charge moins longs. « Pour les bus, on évalue l’autonomie à 200 kilomètres, et à 400 kilomètres pour les véhicules, sachant que cela varie en fonction du profil du terrain » décrit Philippe Couland, chef de projet chez Mesure Process, l’entreprise qui a installé la station. Ces opérations ne sont pas simples à boucler. Au niveau des autorisations administratives d’abord. Il faut respecter la distance avec les habitations, ne pas être trop éloigné d’un réseau d’approvisionnement en gaz. « Pour la station de la Porte des Lilas, il a fallu compter quatre mois pour obtenir les autorisations » rapporte-t-on à PariSeine, qui a été missionnée en juin 2018 sur le projet. Et puis le foncier disponible est rare dans la zone dense urbaine de Paris.
Multi-services
Les projets se montent lentement. Il faut accélérer. « Les taux de rotation sont élevés car il y a trop peu d’endroits de ravitaillement » explique Olivier Richard, qui pilote les études énergie à l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), qui a identifié lors d’une étude parue en 2017 une vingtaine de sites possibles dans Paris issus de reconversion d’anciennes stations-services. «On pourrait y imaginer des lieux multi-services, avec de la logistique dernier kilomètre, des recharges électriques ou stations GNV» décrit Olivier Richard. Le bilan dressé par l’Apur, et réactualisé au printemps 2019, évalue à onze le nombre de stations GNV ouvertes au public dans la métropole, et à dix le nombre de projets en cours, dont six devraient ouvrir à Paris d’ici à 2022. Par ailleurs, 7.160 bornes de recharge électriques accessibles au public sont présentes dans la métropole, dont 2.185 actives. Parmi les projets, PariSeine ouvrira une station GNV à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), sur un garage à benne, à l’été 2020. De son côté, le syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France (Sigeif) poursuit son objectif de créer dix nouvelles stations dans trois ans. Pour l’heure, quatre sont construites ou en cours de finalisation à Bonneuil-sur-Marne, Gennevilliers, Wissous et Noisy-le-Roi.